mercredi 15 février 2017

Un an.

Ça fait un an aujourd'hui.
C'est quelque chose qui ne m'est jamais sorti de la tête et que je n'oublierai probablement jamais.

Il y  a un peu plus d'un an, à la mi-Janvier 2016, j'ai appris que j'étais enceinte et j'étais totalement folle de joie, insouciante, et pleine d'espoirs. J'ai aussitôt partager la nouvelle avec mes proches, notamment ma famille et certains de mes amis.
Je commençais déjà me projeter, à voir le futur à trois avec l'Amoureux, et même à regarder le mobilier des chambres et les petites tenues de bébé.

A la première échographie, on voit son petit cœur battre, c'est totalement fou, ça nous prend aux tripes, nous sommes émus... On apprend par la même occasion que je suis enceinte depuis fin Novembre. Hein ? Je ne l'avais pas vu venir celle-là ! Il faut dire que j'avais arrêté la pilule en Septembre, au final je suis tombée enceinte hyper rapidement alors qu'on pensait que ça mettrait des mois. Je suis comblée... Et je déchante vite.
Je vois que la gynécologue nous parle vite fait de la clarté nucale, apparemment elle est "épaisse", je ne comprends pas trop ce qu'elle raconte. Je demande "et c'est normal ? c'est pareil pour tout le monde ?", ce à quoi elle me répond "ah non, pas du tout...".
Elle nous dit rapidement qu'il faut qu'on refasse une échographie la semaine d'après avec une de ses collègues spécialisée en diagnostic anténatal.
On sort de là, je ne réalise toujours pas qu'il pourrait y avoir un soucis, je suis toujours sur mon nuage d'avoir vu son petit cœur en action. L'Amoureux me fait vite déchanter, il essaie de me dire que c'est pas normal. Je commence à prendre conscience.

La fin de semaine passe et nous re-voilà au cabinet de gynécologie, mais cette fois-ci, avec la collègue spécialiste. Petite échographie, encore. Bébé-crevette a grossi, son petit cœur bat toujours. Sa clarté nucale est encore plus épaisse. On apprend qu'elle fait à peu près 4.6 mm, alors que la normale ne devrait pas dépasser en général les 2 mm. Ça fait quand même une bonne marge.
La gynécologue nous dit que parfois ça se résorbe -ce qui me renvoi un soupçon d'espoir-, mais que c'est rare ; en général, cela signifie tout simplement que le bébé est malade et qu'il est surement porteur d'une des trois trisomies. Elle me prescrit donc une biopsie du trophoblaste à réaliser assez rapidement, afin de voir ce qui ne va pas chez mon bébé.
On sort de là dépité. Je suis anéantie.
Arrivée chez moi, je fais ce que toute personne qui cherche un peu d'espoir et de réconfort aurait fait : je vais sur Internet, à la recherche de témoignages positifs... et j'en trouve très peu.

Le Jeudi suivant, c'est à 7h du matin que je rentre à la clinique pour ma biopsie. Elle se pratique en bloc hospitalier, sans anesthésie, en salle de césarienne. En gros, on vous prélève un peu de placenta par le ventre, ça dure vraiment pas longtemps, il ne faut pas bouger car il y a toujours un risque de fausse-couche. Ma -je peux l'appeler "ma" maintenant- gynécologue me met de la musique classique pour que je sois à l'aise, elle est formidable. J'avais un peu l'impression d'être dans un épisode de Grey's Anatomy. Tout se passe bien, malgré le fait que je sois certaine que je fais cela pour rien, que je ne pourrais pas éviter la suite. Je rentre chez moi, je dois rester alitée au moins pendant deux jours pour prévenir le risque de fausse-couche.

Le Mardi suivant, nous re-voilà chez ma gynécologue pour savoir concrètement ce qu'il en est.
Les nouvelles ne sont pas bonnes, elle me regarde et nous dit directement "bon, c'est ce à quoi on s'attendait, il y a bien une trisomie... une trisomie 13".
Elle enchaîne en nous disant avec tact que cela touche une femme sur 25 000 environs et que pour nous, c'est tout simplement la faute à "pas de chance", qu'en gros "on a pas eut de bol". Elle nous apprend par la même occasion que les bébés porteurs de ce gêne, en général meurent soit in utero au cours de la grossesse, ou alors ne dépasse pas les 1 ans.
C'est une petite fille.
Ok. A ce moment-là, je suis effondrée à l’intérieur de moi mais surtout : je suis terriblement en colère. En colère d'avoir un bébé malade, qui s'accroche à la vie alors que j'ai fais tous les excès possibles au réveillon, manger n'importe quoi, en colère presque de ne pas avoir fait une fausse-couche avant.

On décide donc de programmer une IMG par curetage pour le Lundi suivant, je veux que tout s'arrête le plus vite possible. Je veux retrouver mon corps, j'ai envie de fumer une cigarette.

Et puis le jour J arrive.

C'était le 15 Février 2016, je suis rentrée à la clinique à 13h et j'en suis re-sortie vers les 16h.
Je crois que j'ai jamais autant pleuré sur un brancard, entre le moment où l'infirmière vient me chercher pour m'amener au bloc et le moment où l'on m'endort. De penser qu'on allait m'enlever mon bébé -alors que je savais que c'était la bonne chose à faire-, je ne pouvais tout simplement pas m'arrêter de pleurer, les hormones de grossesse devaient encore plus accentuer mon état. Incontrôlable.
Je re-sors de là, petit malaise avant de quitter la clinique, histoire de finir en beauté.
J'arrive chez moi, je fume enfin une cigarette.

Voilà, c'était la fin.

S'en est suivi un bon gros mois et demi de déprime et d'une immense tristesse. Je ne faisais strictement rien de mes journées à part regarder des séries, et m'évader comme je le pouvais.
Je ne parlais pas trop de mes sentiments, de mes émotions, à mes proches. J'avais pas envie de partager tout ça, de "leur faire pitié" comme je le disais.
J'étais forte pour eux, mais intérieurement je savais que j'étais faible.
On dit souvent qu'il faut rester entouré dans ces moments-là, mais j'ai juste envie de dire aux filles qui connaissent ça, déjà d'une : que je suis terriblement désolée pour vous, que la vie est injuste, et de deux : faites votre deuil comme vous le pouvez, soyez entourées ou pas, vous êtes les seules à pouvoir gérer cela.
On est toutes différentes dans ces moment-là.
Pour ma part, c'est surtout la reprise du travail qui m'a un peu sauvé et qui m'a permis de passer à autre chose.


J'ai pu reprendre les essais-bébé également : je suis tombée enceinte 4 mois plus tard.
Je suis fière et comblée de pouvoir dire aujourd'hui que je suis presque à 8 mois de grossesse et que j'attends à nouveau une petite fille.



Et je peux vous dire que je l'aime déjà de tout mon cœur. ❤



                                   






3 commentaires:

  1. Très touchant ton témoignage, effectivement, c'est injuste... Heureusement après cette horreur tu seras bientôt une maman comblée.

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    1. Merci :-)
      Il me tarde la fin de la grossesse là, bientôt bientôt ! <3

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  2. Très touchant ton article je suis contente pour toi que tu aies pu vite rebondir... bises

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